
Le Malouf de Constantine, l'histoire d'une passion...
Musique d'introduction
L'histoire d'une passion, d'une famille, d'un art...
Article paru dans "El Acil Numéro du 28 Juillet 2008 page culture/ Auteur Taoufik Lakhdari
Chérif Benrachi, un jeune prodige du Malouf
Tout au long de nos pérégrinations à travers les rues et les ruelles de l’antique Cirta, il nous arrive qui suscitent à la fois, la surprise au début et l’émerveillement lorsque la personne nous fait découvrir son origine, ses lubies, ses penchants et surtout une parfaite maitrise de la musique andalouse.
Ce jeune homme n’est autre que le petit-fils de Cheïkh Maâmar BENRACHI, en l’occurrence CHERIF BENRACHI natif de 1975, que nous avons rencontré fortuitement dans un café situé au centre ville à Constantine.
Un établissement qui présente un intérêt particulier en ce sens qu’il fait partie des lieux de convivialité (et il n’en existe pas des masses dans la ville des Ponts) fréquenté par des mélomanes, des Cirtéens BCBG adeptes de tranquillité et de bonne et belle musique.
A bâtons rompus, CHERIF BENRACHI nous parlera de ses études et de son père Mohamed un virtuose du luth, et surtout de son grand-père pour qui, il voue une admiration sans bornes.
Il nous livrera presque timidement qu’il ets le neveu de Said BENRACHI qui a fait ses classes de footballeur au prestigieux Mouloudia Olympique de Constantine de 1944 à 1954 (date à laquelle il rejoindra en qualité de professionnel, des équipes huppées de Dijon, Toulouse, Besançon avant de revenir à Constantine en 1959 au CACC). CHERIF nous relatera avec la passion qui anime les jeunes, son dur apprentissage du Luth, tout au début, avec son père Mohamed qui éveillera en lui , cette vocation de musicien-chanteur afin, nous dira t-il, de perpétuer et de préserver la Musique Andalouse ( Nouba, Haouzi, Zdjel,...). Ce qui lui permettra par la suite de monter son propre orchestre, après un passage au conservatoire sous la férule du Maître Kaddour DARSOUNI et de participer et contribuer à des concerts avec El ANdaloussia qui s’est distinguée lors du festival du Malouf en juillet courant à Constantine.
Le jeune CHERIF profitera de cette occasion pour lancer un appel aux jeunes qui doivent d’intéresser à cette musique sublime (le Malouf) et surtout à la préservation, à l’authenticité de cet art et d’éviter les mélanges de genre (par ignorance ou volontairement) et les amalgames.

Evocation : Si Maâmar BENRACHI
Le grand-père de Chérif, Cheïkh Maâmar Benrachi fut et restera pour les puristes du Malouf, une figure de légende. Il constitue en effet la mémoire pérenne de la ville des Ponts.
A la fois Artiste spécialiste du Rythme (Derbouka) et du Zdjel, fin Dinandier dont il est la référence à Constantine. Si Maâmar est surtout et c’est notoire, connu pour sa participation et contribution comme élément indispensable de Mohamed Tahar Fergani, de l’Orchestre-Pilote... aux dizaines voire des centaines de concerts et soirées artistiques et fêtes à Constantine et ailleurs. Sa présence était très marquante dans ces célébrations diverses. Sur un autre registre, Si Maâmar est aussi connu Constantine comme l’un des meilleurs (sinon le meilleur) fabricants de la fameuse « Djaouzia » dont se délectent les Cirtéens et qui a acquis ses titres de noblesse à travers tout le pays.

Mohamed Benrachi
(chanteur-joueur de luth)
Constantine 1933 - 2004


Chérif Benrachi
(chanteur-joueur de Luth)
Constantine 1975
Mâmar Benrachi
maitre du Mâlouf
(chanteur- percussionniste)
Constantine 1904 - 1989
Un être simple mais exceptionnel
Chérif Benrachi, avec la fougue, relatera les souvenirs les plus marquants de sa jeunesse. Il évoquera avec respect son oncle KHOUDIR fin Nougatier hors pair, « Drabki » (comme le fut son père SI Maâmar), et lui aussi ancien joueur du CACC des années 60, mais CHERIF rebondira pour exprimer toute sa gratitude envers « cet être exceptionnel qu’a été son grand-père, le vénéré Cheïkh Si Maâmar»dira t-il.
Il précisera que Si Maâmar a acquis une solide réputation de spécialiste du Z’djel aux cotés des prestigieux Cheïkhs Hassouna, Belamri, Abdelkrim Bestandji, Hamou Fergani, Benkartoussa, Baba Abied, Ahmed Bestandji qui avaient animé, à l’époque, moult concerts et soirées de haut niveau.
Il se rapelera, étant très jeune, en discutant avec son père Si Mohamed, lors d’une pause durant son apprentissage, à la maison, que son grand-père, SI Maâmar, se rendait fréquemment à Souk El Asser dans l’enceinte de la Médersa El Kettania où était érigée une station Radio inaugurée en 1946, dont le Directeur était M.Boulbina et le Chargé de l’animation artistique, Si Amar Bourghoud. Et qu’en 1947, Si Maâmar à la derbouka accompagné de Brahim Amouchi à la mandoline, Baba Abied à la flûte et Abdelkader Toumi au violon, soutenait et maintenait le rythme alors que le grand Cheïkh Kaddour DARSOUNI se présentait comme luthiste/ Chanteu, et ce pour la première fois à la Radio. Et d’évoquer aussi son grand-père à l’endroit du 1er ochestre-Pilote (une trentaine d’instrumentistes) dirigé par SI brahim Amouchi, lors d’une soirée en l’honneur du défunt Président Houri Boumedienne, en visite à Constantine. Une retentissante soirée avec à la clé, des chanteurs émérites, Zouaoui Makhlouf et Mohamed Tahar Fergani, Chérif Benrachi dira toute son admiration et son vœu d’en faire autant...sinon mieux. Sans oublier de se recueillir sur l’âme de son oncle Abdelhamid, qui a quitté ce bas monde ce mois de juillet 2008,qui teait de son vivant un véritable mélomane et un dinandier hors pair. Telle est, en conclusion de cette rencontre, la découverte faite un certain 27 Juillet 2008, avec un des grands espoirs du Malouf Constantinois, le jeune Chérif Benrachi, digne héritier du Cheïkh Si Maâmar.
"A mes très regrettés père Mohamed Benrachi et grand-père Maâmar Benrachi ..."
Chérif Benrachi